Ces métiers d’hier qui intriguent !

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Connaissez vous le point commun entre un ferronnier, un vannier ou un luthier ?  Il s’agit tout simplement de métiers artisanaux qui aujourd’hui semblent tous droits sortis d’un autre temps. Et pourtant, depuis quelques années, le secteur des métiers n’aura finalement pas échappé au phénomène du cycle, remettant au goût du jour ces métiers d’antan.
Cette semaine, rencontre avec JF ( 43 ans). Retour sur une reconversion professionnelle pour le moins atypique.

Pourquoi avoir choisi de te réorienter ? 

J’ai travaillé plus ou moins 15 ans en tant qu’éducateur dans le secteur de la psychiatrie.  Au fil du temps, la fatigue mentale que je ressentais après mes journées de boulot devenait de plus en plus pesante. J’avais le sentiment d’être dans une répétition sans fin. Travailler avec l’humain peut être lourd de conséquence donc clairement on essaye d’éviter au maximum les erreurs. 

J’ai aussi fini par en avoir assez des réunions sur réunions à propos de sujets parfois très terre à terre, de cette lourdeur administrative, du travail en équipe… bref, les signes du “burn out” étaient bien là. J’ai alors décidé de quitter mon job. Aujourd’hui , je pense avoir pris la bonne décision en m’arrêtant à temps et surtout en me rendant compte que je ne parviendrais plus à travailler correctement dans ce secteur. Il fallait que je fasse autre chose. J’avais envie de travailler pour moi et de me faire plaisir !

Est-ce que ce choix s’est fait en toute évidence ?

Il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver ma nouvelle voie. je me suis demandé ce que j’allais faire et le fait d’être en “burn out” n’aidait pas. Quand j’y repense, ma reconversion a été un réel coup du hasard (rires). J’ai d’abord décidé de partir en France et devenir agriculteur bovin avec un de mes potes. Et en fait je me suis rendu compte que faire de l’élevage pour ensuite amener les animaux à l’abattoir, c’était pas trop mon truc au final ( rires). Du coup, retour à la case départ ( rires) ! Quelque temps plus tard, via via, j’ai reçu des infos concernant une formation organisée par Pôle Emploi sur les métiers liés au métal. Je me suis dit : « tiens pourquoi pas”. J’y suis donc allé et c’est comme ça que j’ai découvert le métier de la chaudronnerie. 

Tu entames donc cette formation …

Je m’inscris immédiatement pour suivre cette formation qui dure 1 an. La formation allie pratique et théorie. Je suis en pleine immersion et je me rends compte de tous les métiers différents qui existent autour du métal et qui ne se limitent pas aux ferrailleurs (rires) ! Tu as les orfèvres, les tôliers, les ferronniers,…

Après quelques mois, je suis obligé d’arrêter la formation et de rentrer en Belgique pour m’occuper de mon père gravement malade. J’ai ensuite eu besoin de temps suite à son décès pour me réinvestir dans mon projet. Ce laps de temps passé, j’ai commencé par chercher une formation équivalente à celle suivie en France. Ce qui a d’ailleurs été un peu galère puisque le pendant n’existe pas en Belgique. La chaudronnerie n’existe plus aux Arts et Métiers ( institut phare de l’enseignement technique et professionnel de qualification à Bruxelles). Ce qui s’en rapproche le plus est la ferronnerie. Je finis donc par trouver la seule formation organisée dans ce secteur et je m’inscris à l’école de  Maréchalerie à Anderlecht. La formation est reconnue par Actiris mais tu n’obtiens aucun diplôme. Le métier de ferronnier n’est toujours pas protégé !

Pourquoi t’être orienté vers le métier de ferronnier ? De quoi étais tu en recherche 

Lorsque je travaillais en tant qu’éducateur,  j’organisais des ateliers que j’avais rebaptisé “doe het zelf” ( rires). C’était principalement des ateliers de bricolage parce que je me suis aperçu que les jeunes avec lesquels je travaillais accrochaient à ce qui était manuel et artistique. C’était du bricolage très simple mais c’est aussi de cette manière que je me suis rendue compte qu’il me fallait quelque chose de manuel. J’ai toujours apprécié créer et je souhaitais m’orienter vers un métier manuel dans lequel le côté artistique avait également sa place. Cette formation liée aux métiers du métal, permettait de combiner  tout ce qui me plaisait. J’avais la possibilité de travailler seul et d’être à l’origine de tout le processus de fabrication. 

Et toi, c’est quoi que tu aimes créer ? 

Créer des choses que les gens vont aimer (rires). Je n’ai pas vraiment de préférence mais j’aime mettre ma petite touche qui est généralement appréciée par le client.  

Ferronnier, un métier perdu ou en plein essor selon toi ?

Je pense que c’est un métier qui revient un peu à la mode. Ce qui est assez amusant c’est que lorsque je dis : “je suis ferronnier”, les gens me disent : mais c’est quoi en fait ? Pourtant, quand tu te ballades en rue, tu vois de la ferronnerie partout : les bancs publics, les abris de bus, les lampes, les gardes corps,…y en a plein (rires) et malgré cela les gens ne parviennent pas à savoir qui réalise tout ça ! Après il y a des subtilités aussi dans le métier de ferronnier et dans le travail réalisé. De plus en plus de personnes veulent se reconvertir vers des métiers manuels. Il y a également de plus en plus de femmes qui choisissent des métiers manuels. C’était super agréable durant ma formation d’avoir pu constater que les femmes ne se limitent plus et ne sont plus « excluent » de certaines filières. 

Ce métier demande également des compétences de gestion. Y a t il eu des points d’attention particuliers concernant ce thème durant ta formation ?

Il n’y a aucun cours de gestion intégré à la formation, il s’agit de ferronnerie pure. Par contre, l’école propose des modules de gestion. Personnellement, je l’ai suivi et ça m’a beaucoup aidé. On t’explique concrètement ce que tu dois faire et surtout comment le faire. Après, je me pose encore la question de savoir si je suis fait pour travailler en tant qu’indépendant mais ça c’est un autre sujet (rires) 

Actuellement, tu as terminé ta formation et tu as décidé de te lancer à ton propre compte comme artisan ferronnier  ? Comment s’est passée ton entrée sur le marché de l’emploi? 

L’avantage de l’artisan ferronnier c’es qu’il y en a peu ! Cela fonctionne énormément de bouche à oreille. Il m’arrivait d’avoir déjà des demandes durant mes études. Après, entre la théorie et la pratique, il y a toujours un monde ( rires). Ce n’est pas si évident que ça. J’ai beau avoir déjà un peu plus de bouteilles dans le monde du travail,  je ne m’attendais pas à autant de difficultés pour gagner ma vie. En tant que ferronnier, si tu veux te lancer, tu es obligé d’avoir un atelier, de l’outillage (qui a un certain coût), …Tu as besoin de fonds dès le départ pour pouvoir te lancer. Moi j’ai eu l’opportunité d’avoir cet atelier. Je n’ai pas de loyer, pas de charges à payer. Je pars avec un certain avantage. Et actuellement, en raison de la situation géopolitique, la plus grande difficulté est le prix des matières premières. Il n y a plus assez de grands fournisseurs d’acier en Belgique. On se retrouve donc avec des pénuries et  les prix flambent (du simple au quadruple). Cette hausse des prix a évidemment un impact sur le prix final demandé à mes clients qui par moment choisiront alors de se tourner vers les enseignes de bricolage et autres options moins coûteuses.

As-tu un mantra, un quote positif qui t’aides à avancer

“Everything is going to be ok “ !  Comme dans tout métier, tu as des moments de blues, de doutes, c’est tout le temps un challenge. Ce quote une sorte de « reminder » par rapport à tout ce qui m’est arrivé dans la vie. J’ai placé le panneau dans mon atelier. Ça fait peu de temps que j’ai démarré mon activité et pour le moment je ne ressens pas cette sensation de répétition, de lassitude ! je ne suis plus face à des êtres humains, si j’en ai marre, je fais une pause et ensuite je reviens à ce que je faisais. J’ai trouvé ma voie ! 

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