Le wax est un langage ! 

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Du côté de la rédak, nous avons souhaité nous questionner un peu plus afin de comprendre la raison pour laquelle ce tissu fascine tant et toujours. Devenu omniprésent, tant sur les podiums de mode que dans la vie de tous les jours, le wax parvient à éclipser d’autres tissus tels que le bogolan, le raphia, le kente, … tout aussi riches culturellement et esthétiquement.

C’est avec Lena_Benz, bruxelloise aux origines multiples pour le moins atypiques : congolaise, tchèque et ivoirienne, que nous avons décidé de continuer la discussion. D’une voix pétillante et dynamique qui laisse deviner un grand sourire, Lena_Benz se livre à cœur ouvert lors de notre interview téléphonique et nous apporte sa vision de ce tissu chamarré.

Elle nous confie que son amour pour le wax a démarré très jeune et lui vient essentiellement de son noyau familial. C’est grâce à ses parents que ce tissu prend une autre dimension et élargit le champ des possibles de son utilisation : « Ma maman aimait bien les tenues wax et créait ses propres vêtements en y ajoutant une touche de modernité pour l’époque (rires).  En ’96, à son retour de vacances du pays (Côte d’Yvoire), elle est revenue avec des sacs contenant toutes sortes de produits en wax : sacs, peignoirs, pantoufles, …J’avais 11 ans et j’ai immédiatement flashé sur ce mélange de couleurs et aussi sur les créations variées. Avant cela, je voyais quelques tenues, mais toujours un peu identiques, pagne attaché ou pagne sur la tête « .

Quant à son père, d’origine congolaise à qui elle voue énormément, il lui transmettra  l’amour du tissu proprement.  » Musicien trompettiste du groupe « OK Jazz » de Franco, mon père réalisait aussi certains des costumes du groupe. A son arrivée en Belgique, comme il n’a pas pu retrouver du travail dans la musique, il a dû se reconvertir et a choisi la couture. On avait des tonnes de tissus à la maison et par la force des choses, on écoutait également énormément de musique. Grandir avec un papa artiste, ça élargit le spectre, même si moi je ne sais toujours pas chanter et ne joue d’aucun instrument » (rires).Les graines étaient donc semées.

Alors lorsqu’on lui demande ce que le wax représente pour elle, Lena_Benz nous répond, sans hésiter, qu’il s’agit avant tout d’un moyen d’expression, un moyen de traduire des émotions et de délivrer des messages.

Elle commence tout d’abord à écrire des petits adages en lien avec ce que les motifs lui renvoient comme émotion, sensation. Jusqu’en 2017, inspirée, elle décide d’établir un parallèle entre le mot wax = tissu et wax = vinyl et associe des titres de chansons aux tissus choisis.  Le concept est en marche et « waxons_nous » voit le jour. « Le wax a été très longtemps relayé au rang de simple accessoire et l’on a fini par oublier qu’il s’agit également d’un langage. C’est une sorte d’œuvre d’art pour moi, d’où la possibilité de l’associer à un autre art comme la musique et le fait de les relier, donne une dimension plus grande au wax ». 

🎼Waxons nous / Léna🎼 (@waxons_nous) • Photos et vidéos Instagram

 « J’ai pu compter sur un entourage bienveillant, provenant de cultures diverses, qui m’a soutenue dans ma démarche. Pour moi, « waxons nous » est une approche contemporaine qui entremêle le wax et la musique mais revêt aussi un caractère spirituel. Les personnes avec lesquelles je partage la page Instagram « waxons nous » me transmettent des feed-back positifs. Grâce à ce concept, j’ai également fait beaucoup de découvertes sur moi-même, j’ai procédé à pas mal de recherches pour trouver la signification des motifs présents sur les tissus que je sélectionne. J’ai su par exemple que les cauris ( les coquillages) étaient utilisés comme monnaie d’échange car ils étaient présents sur un modèle wax . C’est ainsi que j’ai pu aussi  mieux comprendre ma culture. « 

Comme mentionné dans l’article rédigé par Géraldine Médou notre  fashion explorer, bien que le wax soit devenu le tissu africain par excellence, il ne provient pas d’Afrique. Alors comment expliquer cette « appropriation » sur le continent africain ? Lena_Benz voit un produit ayant réussi à servir pas mal de causes ! Et sa première pensée la ramène aux « Nanas benz » * originaires du Togo, actives dans les années ’60 à ’80. Cette coopérative de femmes est parvenue à accéder à son émancipation par la création de commerces du tissu wax. 

Il est également difficile d’aborder « le wax » sans penser à la colonisation. Car pour certains, cette étoffe, vecteur de transmission, renvoie indéniablement à la relation paradoxale qu’ont entretenu et entretiennent encore les pays européens avec le continent africain. Les faits du passé n’ont pas encore cicatrisé car ils n’ont pas encore réglé ! D’autres, a contrario, perçoivent dans ce tissu un moyen de revendications politiques et sociales, d’assumer une fierté noire. Pour Lena_Benz, ce tissu s’est modifié au fils du temps, a servi de support à la transmission des messages tantôt politiques, religieux et aussi amoureux.

« De ce que j’ai pu apprendre de l’histoire des « Nana benz » et des personnes rencontrées, lors de mes voyages en Côte d’Yvoire, certains n’ont même pas conscience que ce tissu ne vient pas d’Afrique tellement cet imprimé a été assimilé à l’histoire du continent. ils sont vraiment à mille lieues de cette polémique. D’autres sont tout simplement contentes de pouvoir gagner leur vie grâce à ce tissu ».

https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/mode-la-togolaise-dede-rose-creppy-figure-parmi-les-nana-benz-les-celebres-revendeuses-de-wax-est-morte_5873744.html

Nous n’avons bien sûr pas pu nous empêcher pour terminer cette interview, de questionner Lena_Benz sur le retour en force de ce tissu, boudé durant plusieurs années. Son usage semblait réservé uniquement aux personnes originaires d’Afrique ou ressentant un lien très fort avec le continent. Pour elle, internet a procédé à l’éveil des consciences, l’accessibilité à l’information, la représentation au travers de films, documentaires, défilés de mode, etc. 

C’est donc de cette manière que le tissu a pu revenir sur le devant de la scène. Néanmoins, malgré cet engouement, Lena_Benz déplore la stigmatisation encore véhiculée par le wax : « j’ai constaté que si les gens voient une pièce en wax dans un magasin comme Zara ou Mango, …cela ne leur posera pas de problème de l’acheter, tout au plus,  ils se poseront moins de questions parce que ce vêtement se trouve dans une boutique considérée comme « européenne », par contre, si ces mêmes pièces sont vendues dans un marché ou dans une boutique éphémère par une personne afro, les gens auront tendance à dire : c’est joli mais cela ne va qu’a vous ! L’imaginaire des gens est limité plus rapidement

Nous avons chacun notre rapport à l’histoire du wax ! Le respect reste le maître mot. 

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