L’empreinte Gallmeister

Fondée en 2006, Gallmeister est une maison d’édition française qui pendant quinze ans s’est consacrée exclusivement à la publication de romans nord-américains, à l’affut de petites pépites souvent même pas encore éditées aux Etats-Unis !

Depuis 2021 Gallmeister a élargi ses frontières et s’est ouverte à de nouvelles littératures (italiennes, norvégiennes, allemandes etc). Ses romans sont reconnaissables à leurs magnifiques couvertures colorées et leur emblème de patte de loup.

David Vann, Pete Fromm, Craig Johnson ne sont que quelques-uns des nombreux écrivains chevronnés de cette remarquable maison qui continue sa recherche inlassable de nouvelles voix.

Parmi celles-ci, on trouve Tiffany McDaniel, une jeune autrice qui s’est imposée sur le devant de la scène littéraire depuis quelques années grâce à son implacable « Betty », sorti en 2020, une lecture dont personne ne peut ressortir indifférent.

Dans ce roman écrit avec les tripes, la narratrice dévoile, entre rage et tendresse, une partie de son histoire familiale : « ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne ». La Petite Indienne c’est Betty Carpenter, dont la vie est inspirée de celle de la mère de Tiffany McDaniel, née en 1954 et qui a vécu dans les Appalaches avec ses onze frères et sœurs.

Betty c’est l’histoire d’une émancipation, celle d’une métisse cherokee qui grandit dans l’Ohio des années 60, lorsque l’innocence naïve propre à l’enfance est confrontée, trop tôt, à la cruauté du monde, fait de pauvreté, de racisme, et de violences familiales. Betty c’est aussi le pouvoir des mots et des mythes que lui raconte son père pour aborder ce monde avec amour, poésie et fantaisie. Betty, enfin, c’est un roman qui transcende par sa justesse et sa profonde humanité et qui place incontestablement notre protagoniste au rang des jeunes héroïnes littéraires inoubliables.

Un autre trésor des éditions Gallmeister, plus méconnu (à tort !) mais absolument magistral est « Idaho » d’Emily Ruskovich, paru en 2018.

L’histoire commence en 1995 avec Wade, Jenny et leurs deux filles, jusqu’au drame. Un drame dont on ne sait pratiquement rien, de même qu’Ann, la nouvelle femme de Wade, qui tente de comprendre le passé de son mari. D’ellipses en flashbacks, Emily Ruskovich nous balade à travers les années, dévoilant çà et là des bribes de vie éparses, semblables à la mémoire de Wade qui s’effrite petit à petit. Face à la maladie de son mari, entre son silence, ses oublis et ses incohérences, Ann comble avec son imagination, jusqu’à l’obsession.

Avec pudeur et sensibilité, la voix envoûtante de l’écrivaine fait entrer le lecteur dans l’intimité de cette famille et livre un premier roman superbement construit et déroutant qui joue avec les codes du réel et de l’imaginaire, et qui continuera certainement à vous habiter longtemps après en avoir terminé la lecture.

« Betty » et « Idaho », comme tant d’autres titres des éditions Gallmeister font partie de ces histoires qui laissent une empreinte indélébile sur le lecteur.

Pour prolonger le plaisir @editions Gallmesiter

 « Dans la forêt » de Jean Hegland et « My absolute darling » de Gabriel Tallent.

https://gallmeister.fr/livres/193/hegland-jean-dans-la-foret

https://gallmeister.fr/livres/259/tallent-gabriel-my-absolute-darling